Le Hanneton commun

Mélolontha mélolontha L

Au printemps 2012, certaines journées, au crépuscule, beaucoup de personnes ont été surprises par d'immenses vols de gros insectes au bourdonnement impressionnant. En effet, la rencontre de tels nuages d'arthropodes en voiture ou à vélo ne laisse pas insensible. Il en est de même avec ces nuées attirées par la lumière, tournoyant sous les réverbères des villages. Par contre, la journée, la surprise tourne à l'inquiétude lorsque ces animaux sont découverts posés en grand nombre sur des jeunes arbres fruitiers et autres végétaux dont les feuilles changent de morphologie ...

Qu’en est-il ?

Le Hanneton commun est un arthropode de la classe des insectes (6 pattes), appartenant à l'ordre des coléoptères. Ce groupe se distingue généralement par deux paires d'ailes dont les antérieures sont dures, elles sont appelées élytres. Elles protègent les ailes postérieures membraneuses plus fragiles. A l'intérieur de ce groupe, le hanneton fait partie de la super famille des Scarabéoïdes reconnaissables à leurs antennes terminées par des sortes de massues. Le Hanneton commun est lui-même identifiable par sa taille imposante (environ 35 mm), son abdomen non recouvert à l'extrémité par les élytres, l'extrémité des antennes en éventail, ainsi que par un vol lourd au bourdonnement sourd. Il existe plusieurs espèces de hannetons, cependant celle qui est l'objet de beaucoup d'attention est le Hanneton commun.

Mode de vie

Cet insecte se rencontre dans toute l'Europe géographique. L'adulte comme sa larve, aussi appelée ver blanc sont phytophages. Les feuilles des arbres constituent l'alimentation principale des hannetons adultes tandis que leurs progénitures consomment exclusivement des racines.

Cycle de vie

Le cycle du hanneton
Le cycle du hanneton

Après l'accouplement, les femelles reviennent sur des sols meubles pour pondre quelques dizaines d'œufs sous terre au mois de mai ou juin. Environ cinq semaines plus tard, l'éclosion a lieu. La période de vie des larves va durer trois années à cheval sur quatre années civiles. Durant ce temps, elles vont subir deux mues. Elles vivront ainsi deux périodes d'hivernage qui les obligeront à descendre en profondeur pour trouver des températures plus supportables. Au cours des différentes années du cycle, lorsque les températures sont plus clémentes, les larves remontent vers la surface s'alimenter de racines. C'est lors de la dernière et troisième année du cycle que les larves vont se métamorphoser. C'est la nymphose. Le ver blanc s'isole dans un cocon ou boule de terre qu'il confectionne. Il en ressortira l'imago, c'est-à-dire l'insecte adulte transformé qui remontera à l'air libre prendre son envol. Ces émergences sont synchronisées entre les individus ce qui explique ces apparitions périodiques de hannetons volants en grand nombre. Ainsi, les adultes dont la durée de vie est de quelques semaines vont s'accoupler et le cycle de vie recommence. En fonction de la météorologie, ces périodes d'apparition peuvent être plus ou moins avancées ou retardées

Attention à ne pas confondre !

Si l'adulte de hanneton ne peut guère être confondu, ce n'est pas le cas de la larve. En effet, un autre coléoptère magnifique, la cétoine dorée, est issue d'une larve d'un aspect identique ou presque. Il est important de savoir les différencier car les larves de la cétoine dorée participent activement à la régénération des matières organiques dans nos sols. Ce qui explique leur présence dans nos tas de compost. Quelques petites caractéristiques distinguent les larves des deux espèces. La larve du hanneton apparaît jaunâtre et non blanche. De plus, elle se déplace avec ses "pattes" et non à l'aide des poils présents sur le dos comme celle de la cétoine. Faites l'essai sur une surface dure.

Le hanneton est-il nuisible ?

La larve de hanneton peut se révéler un vrai fléau pour nos cultures. Elle peut atteindre quatre centimètres. Elle est capable de consommer les racines de nombreux végétaux depuis les légumes à tubercules (pommes de terre, topinambours...) ou à grosses racines (carottes, navets ... ) et autres plantes du potager jusqu'aux racines des arbres du verger en passant par les graminées de la pelouse et des cultures agricoles.

Les symptômes sont une croissance ralentie des plantes consommées ainsi que leur jaunissement. Cela peut aller jusqu'à la mort du végétal en fonction de l'atteinte de l'appareil racinaire. Quant aux légumes du jardin, mangés, ils présentent des galeries ce qui augmente les risques de pourriture.

Les adultes se nourrissent de feuilles, même si les dégâts peuvent être impressionnants, les conséquences sont souvent moindres.

Les moyens de lutte

Cet insecte fait partie intégrante de nos écosystèmes. A l'état adulte ou larvaire, il possède donc des prédateurs: Des oiseaux (moineaux, corneilles, piverts, chouettes et autres rapaces...), les hérissons, les taupes, les volailles mais aussi les renards et les sangliers en consomment. Ces derniers retournent la terre pour manger les larves.

 

Le hanneton commun
Le hanneton commun

Cette prédation permet certainement de limiter dans une certaine mesure les populations. Mais elle n'empêche pas les invasions spectaculaires connues. En effet la larve est souvent difficilement accessible.

Cependant, les vers blancs ne justifient pas un traitement d'envergure avec le recours à la chimie car les densités actuelles ne sont pas considérées comme catastrophiques. Pour arriver à de tels stades, il faut dépasser la densité de plusieurs larves au mètre carré. Plutôt que d'empoisonner nos sols, nous pouvons commencer par éliminer manuellement les larves découvertes lors du travail de la terre. Les larves ramassées pourront être déposées dans une assiette de pot de fleur accessible. Ainsi vous aurez le plaisir d'observer les habitants de votre jardin, attirés par ce mets très attractif. La littérature met en évidence qu'un binage répété du sol réduit considérablement le nombre de vers blancs. Et il semblerait que ce soit la mécanisation du travail des terres plus que la chimie depuis les années soixante qui soit à l'origine de la régression des populations de hannetons. Mais cette hypothèse ne fait pas l'unanimi.

Un peu d’histoire

Des écrits qui datent du moyen-âge relatent déjà l’impact du hanneton commun sur des récoltes. Ces invasions influençaient les pratiques culturales des paysans. Ils labouraient très profond et ceci engendrait certains inconvénients.

Autrefois, pour limiter leur abondance, la solution la plus efficace restait la collecte des insectes. L’ensemble de la population participait, avec les écoliers, à ces actions massives de ramassage. C’était le temps du « hannetonnage ». Les arbres étaient secoués ou les insectes étaient gaulés à la manière des noix dès l’aube lorsqu’ils étaient encore engourdis par la fraicheur de la nuit. Il suffisait alors de les ramasser au sol. Aussi, à la saison des labours, la famille suivait la charrue afin de ramasser les fameux verts blancs.

Certaines de ces pratiques étaient encore d’actualité au début du XIXème siècle. Mais, ces invasions sont déjà effacées, au moins en partie, de la mémoire collective, puisque, pour beaucoup, ces phénomènes apparaissent comme très étranges voire inquiétants, car inconnus.

 

Le hanneton est-il dangereux ?

Malgré sa taille, nous n'avons rien à craindre (hormis pour les racines de nos végétaux) de cette grosse bête. Il ne pique pas et ne mord pas. Lorsque nous attrapons un adulte, les picotements ressentis sont dus aux petites griffes présentes à l'extrémité des pattes. Ces dernières leur servent à se déplacer sur l'écorce des arbres.

Bibliographie

  • Chinery, P. (l973), lnsectes d'Europe, Bordas, 380p,
  • www.gerbeaud.com/jardin/fiches/ver-blanc-larve-hanneton,
  • www.terrevivante.org/517-le-hanneton,
  • www.inra.fr/opie-insectes/be1889-1,