Il est louable de planter des arbres, c'est penser aux générations futures. Chacun de vous peut témoigner. Les fruits que vous avez maraudés enfant ou récoltés plus tard pour votre famille sont souvent dus au travail de nos anciens. Planter des arbres, c'est un peu entretenir l'héritage que nous avons reçu.

Ce n'est pas chose facile de mener à bien une plantation, les échecs peuvent être nombreux : compatibilité avec le sol, aléas climatiques, campagnols ... ) et de toute façon, une récolte substantielle n'aura lieu que dans dix ou quinze ans.

Nous devons prendre conscience que notre territoire regorge d'arbres âgés. Les pommiers et poiriers réagissent particulièrement bien à une restauration.

Un arbre en bon état sanitaire peut très vite retrouver à l'issue de la taille un fort potentiel de production ... pour de nombreuses années. Sans tarder, je vous encourage à répertorier ces arbres (Un arbre chargé de gui, recouvert de clématite, entouré d'épines souffre et son espérance de vie est réduite.) et à passer à l'action, vous ne serez pas déçus. J'ai souhaité vous décrire la pratique de cette taille, mais je ne saurais pas le faire aussi bien que Frank Christnacher dans son ouvrage « La taille des arbres fruitiers ». Avec son autorisation, je reprends ici une partie du texte et les photographies.

Je cite : « TAILLE DE RAVALEMENT »

« La taille de ravalement, en se servant de la végétation en place, est appliquée sur des arbres qui n'ont jamais été ou plus taillés depuis longtemps. Il n'est plus question de changer l'inclinaison des branches, elles sont trop grosses. Généralement, on supprimera autour de la flèche les branches qui procurent trop d'ombre à l'intérieur de la couronne et on cherchera à effiler les prolongements des charpentières en taillant la partie affaissée sur des branches un peu plus verticales.

Une taille de ravalement ne doit en aucun cas se faire sur une année : un arbre qui n'est plus taillé depuis longtemps réagira vivement à la taille et émettra beaucoup de gourmands. Aussi, on ne supprimera pas plus d'un quart à un tiers du bois à chaque taille d'hiver. On commencera par supprimer les branches qui étaient des gourmands et qui ont beaucoup grossi. Elles se repèrent très facilement par leur position proche de la verticale à l'intérieur de l'arbre. Généralement, cette opération apporte déjà beaucoup de lumière dans l'arbre et est suffi ante la première année. Enlever plus de bois en une seule fois exposerait l'arbre aux coups de soleil qui provoquent d'énormes fissures dans l'écorce et qui conduisent irrémédiablement à la mort de l'arbre.

 L'arbre réagira à l‘été suivant en émettant des rameaux ou des gourmands le long des branches. Il faut

parfois attendre deux saisons pour voire une réaction. On profitera de l'émission de ces rameaux pour les placer à l'horizontale et regarnir la base des charpentières et des sous charpentière généralement dénudées depuis longtemps. Les photographies montrent la taille de ravalement d'un pommier n'ayant plus été taillé depuis vingt ans. « On voit très bien que dans l'intérieur de l'arbre, toutes les branches sont dénudées sur une grande longueur. Les rameaux qui reperceront suite à cette taille seront immédiatement placés à l'horizontale de façon à ce qu'ils n'évoluent pas en gourmands et commencent à regarnir les portions de branches dénudées.

Une fois un peu de vigueur revenue à la base des grosses branches, on continuera à effiler les prolongements des charpentières et on supprimera les grosses branches situées trop haut sur la flèche [ ... ].L'arbre sera alors conforme aux prescriptions de la taille pyramidale et se remettra à produire des fruits sur les jeunes branches. » Fin de citation.

La greffe en couronne peut également faire partie de la restauration d'un arbre. Elle peut être réalisée sur le tronc ou sur les branches charpentières. Elle permet éventuellement de changer de variété et de profiter de la vigueur importante d'un arbre adulte qui conditionnera le développement des greffons. Un système racinaire déjà très étendu permet, en quelques années seulement, d'obtenir un arbre bien développé avec des récoltes abondantes. A noter que si vous

souhaitez conserver la variété d'origine, vous aurez pris soin de récolter des greffons au moment opportun. L'apparition de ces derniers aura été provoquée par une action de taille un an plus tôt.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les vieux arbres sont toujours des refuges pour les oiseaux, les chiroptères et autres auxiliaires précieux de nos vergers. En effet, de nombreuses espèces sont incapables de construire un nid dans les branches et ont absolument besoin d'une cavité. Sans loges adéquates, la reproduction des oiseaux cavicoles devient donc impossible. Un tel phénomène peut se révéler fatal pour certaines espèces.

Si un arbre présente un tronc creux, une cavité, cela ne remet pas en cause son espérance de vie.

C'est peut-être déjà une répétition pour vous, mais le bois vivant où circule la sève est en périphérie de tronc. Vous devez donc conserver cette loge. Parfois, elle devient sans intérêt car l'ouverture est trop importante et n'offre plus la sécurité requise face aux prédateurs et aux intempéries. Dans ce cas, l'orifice d'entrée peut faire l'objet d'aménagements pour en réduire le diamètre. Un trou de 32 mm de diamètre suffit à une mésange charbonnière et un diamètre de 70 mm permet le passage d'une chouette chevêche. Voilà autant de pistes où les résultats sont faciles à constater.

Maintenant, à vos outils et à vos arbres. La prochaine période de taille va bientôt arriver. Je vous rappelle que La Charmotte vous propose régulièrement des séances de tailles.

CHRISTNACHER, Frank. La taille des arbres fruitiers. Guide d'initiation à l'arboriculture pour amateurs. Mulhouse JdM éditions, 211p.