L'Abeille domestique

Apis Mellifera L.

Depuis le Néolithique, les hommes ont domestiqué pas mal d'espèces de mammifères et d'oiseaux, mais seulement deux espèces d'insectes, le ver à soie et l'abeille, Apis mellifera.

Et encore, dans ce dernier cas, ils se sont pour l'instant contentés de fournir à l'insecte un logis copié sur celui qu'il occupe dans la nature, tout en le modifiant un peu pour rendre plus facile la récolte du miel.

Cette domestication, à l'instar de toutes les autres espèces, avait été précédée d'une longue phase de prédation, comme en témoigne une peinture rupestre découverte dans une grotte espagnole, datée entre 4 000 et 7 000 ans av. J.C. On y voit un homme environné d'abeilles, qui retire les rayons de miel d'une colonie sauvage.

L'abeille domestique
L'abeille domestique

D'origine probablement africaine, Apis mellifera s'est aventurée en France à la fin de la dernière glaciation, il y a un peu plus de 10 000 ans. Les plus anciennes preuves de « mise en ruche » remontent à l'Egypte ancienne (2 400 av. J.C.).

Le miel est donc resté très longtemps, le seul produit susceptible de fournir du sucre aux hommes et ce, jusqu'à la mise au point des techniques permettant de l'extraire de la canne à sucre d'abord, puis de la betterave.

La ruche, principes de construction.

Les abeilles sont capables de s'installer et de prospérer dans une simple caisse en bois installée au fond du jardin, fournissant le même abri que la cavité d'un arbre creux ou d'une falaise rocheuse. Mais d'une installation aussi sommaire, l'apiculteur ne pourra jamais retirer de miel. Pour construire une ruche, il va donc falloir respecter des dimensions précises, installer à l'intérieur des cadres de bois suspendus, amovibles et garnis de cire gaufrée. Là les abeilles installeront leur couvain (œufs et larves) et leurs réserves de miel et de pollen.

Au-dessus viendront se superposer une ou plusieurs hausses qui ne contiendront que des cadres à miel, destinés à l'apiculteur. Le meilleur conseil que l'on puisse donner, c'est qu'après avoir choisi son type de ruche, (ex.: Dadant 10 cadres), c'est de n'en plus changer de manière à ce que d'une ruche à l'autre tous les éléments soient interchangeables.

Dans une ruche, différents types d'abeilles :

Entre 40 et 60 000 ouvrières, une seule reine et quelques centaines de mâles ou faux-bourdons.

La reine

Un peu plus grande et plus fine que les ouvrières, elle peut vivre 5 ans. Elle sera fécondée une fois dans sa vie par un faux-bourdon, hors de la ruche, au cours du vol nuptial. Elle passera sa vie à pondre (de 1000 à 2000 œufs par jour au plus fort de son activité).

Les ouvrières femelles dont les glandes sexuelles sont atrophiées et non fonctionnelles. Nées d'un œuf fécondé, elles passeront leur vie au travail.

Nettoyeuses les 3 premiers jours, nourrices de larves du 4ème au 10ème jour, bâtisseuses d'alvéoles qui forment les rayons, magasinières, agent d'entretien, ventileuses... du 11ème au I5ème jour et enfin butineuses à partir du 21ème jour dans un rayon qui peut atteindre 3 km autour de la ruche.

Les faux-bourdons

Mâles, dont le seul rôle pour l'un d'entre eux, sera de féconder la nouvelle reine au cours d'un vol nuptial. Nés d'un ovule non fécondé, ils n'ont pas d'aiguillons et sont chassés de la ruche au milieu de l'été.

Les produits de la ruche :

Le miel

Obtenu à partir du nectar (liquide sucré produit par les fleurs) ou du miellat (excrément sucré rejeté par les pucerons) déshydratés par la chaleur de la ruche et les battements des ailes des ventileuses, il est enfin stocké dans des alvéoles construites puis operculées par les bâtisseuses.

Le pollen

Elément mâle des fleurs riches en protéines, collecté et transporté dans la corbeille des pattes des ouvrières, il sert à la nourriture des larves.

La cire

Sécrétée par les glandes cirières situées sur la face inférieure de l'abdomen des ouvrres, elle sert à construire les rayons

La propolis

Substance brune, collante, récoltée sur certains végétaux, elle sert à colmater les fissures de la ruche et d’anti-infectieux pour assainir les lieux.

La gelée royale

Elle est sécrétée par les glandes salivaires frontales des ouvrières nourrices. Selon qu'une larve sera nourrie de gelée royale pendant les 3 premiers jours, ou pendant toute sa vie larvaire, elle deviendra une ouvrière ou une reine. Différence importante, une ouvrière a au mieux une espérance de vie de quelques mois, alors qu'une reine vivra plusieurs années. Cette particularité a toujours fait fantasmer les hommes qui rêvent d'immortalité.

L’essaimage

Evènement spectaculaire qui se produit dans nos régions entre la fin avril et la mi-juin. Cette fois, c'est l'ensemble de la colonie qui se reproduit. La vieille reine quitte la ruche, suivie par la moitié des ouvrières. Toutes vont s'accrocher à un arbre voisin, généralement à faible hauteur. Capturé et remis dans une ruche vide, l'essaim donnera à l'apiculteur une nouvelle colonie, sinon les éclaireuses vont trouver une cavité vers laquelle il se dirigera.

Rayon de cire
Des rayons de cire

L'autre moitié des ouvrières est restée dans la ruche. L'évènement avait été prévu et avait provoqué l'élevage de quelques nouvelles reines dans des alvéoles spéciales. La première éclose tue ses sœurs, effectue son vol nuptial, est fécondée et rentre à la ruche, pour commencer son travail de pondeuse.

Un autre rôle essentiel des abeilles : pollinisation.

Il s'agit du transport du pollen, élément mâle des fleurs, vers le stigmate du pistil (partie femelle). Sans cela, aucune fécondation n'est possible. Les ovaires et les ovules n'évolueront ni vers des fruits ni vers des graines. Les plantes qui pour ce faire ont recours aux insectes, ont en général des fleurs colorées, odorantes, avec du nectar servi au fond de la corolle. Les autres qui ont plutôt recours au vent (ex. graminées), ne présentent pas ces caractéristiques. 80 % des plantes cultivées ont besoin de pollinisateurs. De nombreuses espèces d'abeilles solitaires, de bourdons peuvent effectuer ce travail, mais l'abeille de nos ruches fournit les gros bataillons de butineuses. De loin les fleurs sont repérées par leur couleur, de près par leur odeur. Chaque abeille se spécialise dans une même espèce de plante ce qui est idéal, le pollen d'une espèce ne pouvant féconder que le pistil de la même espèce.

Il faudrait pouvoir développer ici, mais ce serait bien long et on trouve dans tous les traités d'apiculture le remarquable système de communication constitué par les danses en rond et les danses frétillantes des abeilles. Ces rites sont destinés à informer les autres ouvrières de la découverte d'un nouveau « gisement » de fleurs, de la direction et de la distance à laquelle il se trouve.

Toute personne s'intéressant aux abeilles souhaite voir un jour ces danses extraordinaires. Mais elles s'accomplissent le plus souvent dans l'obscurité de l'intérieur de la ruche et à moins de disposer d'une caisse à parois vitrées, elles sont impossibles à observer. Par contre il devient très facile de les découvrir à la surface d'un essaim. Là, ce sont les éclaireuses qui informent leurs sœurs de l'existence, de la direction et de la distance à laquelle se trouve une cavité susceptible d'abriter l'essaim. Pour terminer je ne peux donc que vous souhaitez d'observer ne serait-ce qu'une fois, ce qui est peut-être le plus extraordinaire moyen de communication du monde animal et dont la découverte avait valu à Karl Von Frisch le prix Nobel de physiologie et de médecine en 1973.

Bibliographie

  • MULOT, Rachel. Huit propositions pour stopper l'hécatombe. Science et avenir, 2013, n° 175, p.52-57.
  • CORBARA, Bruno. La cité des abeilles. Paris : Découverte Gallimard, 1991,145 p.
  • LlBlS, Eugène. L'apiculture pour tous. Paris : Flammarion, 1981, 170
  • P. CHOQUET, Jack. L'apiculture simplifiée. Paris : La maison rustique, 1978, 158 p.